N comme Noémie
L'année de ses 20 ans, elle ne l'imaginait pas comme cela, non vraiment pas… Noémie
Elle qui venait tout juste de décrocher son bac quelques mois auparavant ; certes un peu stressée, mais rien d'anormal pour l'élève studieuse, la jeune femme perfectionniste qu'elle est.
La vie était belle…
Les sorties entre copines - les apéros - les balades en montagne, sac à dos avec son p'tit ami - une famille aimante, toujours présente - son entrée à la HEP (Haute Ecole Pédagogique) - les mémorables “courses des charrettes” dans son futur village d’adoption - mais ça, elle ne l'sait pas encore…
En bref, tout semblait aligné dans sa vie, en parfaite harmonie, comme écrit sur du papier à musique, Beethoven sur son piano.
Et pourtant, elle se sent fatiguée, pas vraiment dans son assiette, sans qu'elle ne s'en plaigne, mais tout de même, des petites infections à répétition qui la perturbent et la poussent à aller voir son médecin, une fois, deux fois, et puis encore... On lui prescrit alors des antibio, qui hélas n’améliorent pas son mal-être…
“Tu te fais des idées Noémie” lui dit-on pour la rassurer… “Bois un coup de rouge !” ça c'est le conseil médical par excellence :) Chacun en a de sa formule pour la faire sourire, lui remonter le moral :)
Oh que oui, elle en boirait bien une bouteille entière, si ça pouvait la booster !
Les semaines, les mois filent, absorbée par ses études, automne, début d'hiver...
Devenir instit, c'est sa plus grande motivation, son rêve de toujours, elle se voit déjà dans sa classe, à enseigner aux tous petits. Et bientôt les stages, déjà elle se réjouit :)
Mais voilà, en cette fin d'année elle n'a toujours pas la frite. En plus de la fatigue, elle se sent oppressée, essoufflée, sans compter l'apparition de cette petite boule à gauche sous la clavicule, pas plus grosse qu'une bille, mais bien palpable. Cette fois c'est un scanner qui l'attend, et qui révèle effectivement une masse grisâtre à l'image, traduite comme étant un "thymome".
Quelques explications scientifiques, rien de bien méchant lui dit-on, de caractère bénin, très rare néanmoins - 0,15 % de cas par an sur 100'000 habitants. Une histoire de glande thyroïde qui se réduit à l'adolescence et crée ce genre de petit kyste, à retirer sans urgence.
La voilà donc en confiance, pas de quoi s'inquiéter ++
ça n'est d'ailleurs pas dans son tempérament.
Une date opératoire est alors agendée en début d'année à l'Inselpital à Bern.
Mais rien de rien ne se déroulera comme prévu...
Parce que… Entre-temps…
La petite boule avait continué à grandir.
Elle était bien plus sournoise et maligne qu'elle n'en avait l'air…
Ses cellules s'étaient divisées, multipliées, avaient proliféré en un temps record jusqu’à…
lui perforer l’intestin ce vendredi 9 janvier. Une date qu’elle n’est pas prête d’oublier Noémie !
Elle se retrouve pliée en deux de douleurs aux urgences - à ne plus pouvoir marcher -
puis propulsée au bloc.
Un lymphome non hodgkinien tellement agressif, qu'il en était déjà au stade 4
Un LNH, cancer du système lymphatique.
L'annonce est rude !
Un diagnostic sans pincette, le comble pour un chirurgien !
Seule dans sa chambre, Noémie,
elle encaisse...
"Ne t'inquiète pas maman, je vais me battre, je te l'promets"
On ne peut imaginer les répercussions de cette nouvelle, autour d'elle...
Parce que Noémie, qu'est-ce qu'on l'AIME...
Ses parents, ses proches, qui revivent un même cauchemar, la peur au ventre...
Son chéri, ne sachant que faire...
Ses amies…
Les inséparables du camp de ski
toujours là, l’amitié avec un grand A !
Une photo de ma collection privée, pcq moi aussi j'y étais, la Lenk 2012. Un si joli souvenir, B&B, papa-maman-accompagnateurs du camp.
La suite, je vous la fais rapide, parce que les prochains mois, de janvier à avril, seront longs…
Tellement longs et EPROUVANTS...
Mais elle est courageuse et déterminée Noémie
Les draps blancs d'une chambre d'hôpital, quatre murs, tantôt aseptisés, tantôt en semi-liberté, avec ses amis qui viennent y passer la nuit à tour de rôle, recroquevillés dans un lit "pédiatrique".
On ferait n'importe quoi pour elle,
jusqu'à écrire à la grande Céline au Canada !
Chaque étape est un combat...
D'abord protéger ses ovaires, en croisant les doigts pour que tout se remette en place une fois le processus terminé. Pas question qu'on lui vole sa future vie de maman !
Sur le piano qu’on lui a installé, elle joue "Mistral gagnant"
et elle va gagner Noémie !
Les séances de chimio se succèdent, quatre cycles de huit jours qui la lessivent, où même son verre d'eau lui semble inaccessible sur le bord de la table de nuit.
Il y a les jours avec... Et les jours sans...
Ceux qui, face à son miroir, lui renvoient une image qui n'est pas la sienne, la belle Noémie aux longs cheveux blonds que l'on connait:) Heureusement, il y a le jeu des foulards, et rien n'y parait vraiment.
Elle a appris à surmonter ses émotions Noémie,
et c'est bien là où est le vrai combat.
Alors, au meilleur de sa forme, elle suit ses cours comme si de rien n'était, en télétravail à la HEP, par Skype, le téléphone portable de ses amies.
Et arrive enfin cette semaine de stage prévue mi-mai à l'école primaire de Grandvillard, sur le thème de la ferme, la fécondation des œufs, la naissance des petits poussins.
Noémie sort tout juste de l'hôpital, elle est encore si frêle, si pâle, mais elle ne manquerait cela pour rien au monde !
Une véritable renaissance pour elle aussi, parce qu'à partir de là,
tout se remet en place.
Les prises de sang, les contrôles, les rendez-vous, au petit soin chez son oncologue...
Le protocole de guérison a fonctionné
Alléluia !
Si bien fonctionné que la voilà enceinte avant même d'avoir terminé ses études
Ohlala !
Ce qui n'altèrera en rien la suite de son parcours,
la plus belle issue, et une nouvelle histoire qui commence…
A deux à trois… à quatre, aujourd’hui à cinq :)
Merci Noémie pour ce témoignage si poignant, qu'il m'a fallu beaucoup de temps pour le rédiger… Mais cette fois, il est en ligne et vous pouvez le commenter, si vous le souhaitez… Un message à notre courageuse héroïne.